La première mention du
nom de Saint Saturnin date de 1008, voir page de la charte. Tandis que
les
premières mentions de la « Commune »
de
Saint-Saturnin sont du début du XIVème
siècle, c'est dire qu'ici, pas plus
qu'ailleurs, nous ne possédons de charte originale relative
au régime
municipal.
Nous croyons toutefois permis de penser que, dès
le
XIIIème siècle, le
pays possédait sa municipalité, sachant
qu'à Chasteauneuf de Messire
Giraud Amic (plus tard Châteauneuf-de-Gadagne ),
où le pouvoir féodal a
toujours été plus fortement établi, la
charte confirmant les droits de
la commune paraît déjà en 1268.
Même l'analyse du testament de Giraud Amic de 1216
nous
laisse entendre
que déjà, de ce temps, la délimitation
des territoires de nos communes
était chose faite.
Quoi qu’il en soit, dès qu’elle fait son apparition dans
l’histoire locale chaque commune du Comtat se trouve déjà en
possession d’institutions municipales : elle a son PARLEMENT et ne
connaît d’autre régime intérieur que celui des assemblées
populaires se réunissant pour délibérer, soit sur la place
publique, soit devant l’église ou dans la nef en cas de mauvais
temps et parfois même dans le cimetière attenant6, déléguant les
détails de l’administration à un ou plusieurs magistrats élus
annuellement.
Dans les villes, ces
magistrats portaient ordinairement le titre de consuls et dans les
bourgades de moindre importance celui de syndics. Il en fut ainsi
jusqu’à la fin du XVe siècle où le titre de consul remplaça
partout celui de syndic.
A sein de la Communauté le seigneur est représenté par le baille ou viguier.
Ce représentant était désigné par le
seigneur qui le choisissait, si l’on peut dire, parmi trois
citoyens que la commune lui présentait.
Une des prérogatives du
baïlle était de rendre la justice au nom du seigneur.
Assisté du garde ou sergent il constituait avec ce dernier ce
qu’il était convenu d’appeler pompeusement «
la cour baronnale du lieu de Sainct Savournin ».
Le rôle de l’assemblée des habitants n’était pas terminé par l’élection
consulaire. Cette élection était suivie de la nomination des «
Officiers de la communauté» où nous voyons en premier lieu :
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- Les Auditeurs des Comptes, chargés de contrôler la gestion des consuls et du trésorier.
- Les Estimateurs : correspondant à nos répartiteurs actuels.
- Les délégués aux Etats de Carpentras (rôle attribué habituellement aux consuls).
- Les Maîtres des Chemins
appelés aussi Visiteurs des Chemins qui devaient veiller au bon
état des voies de communication.
- Les Caritadiers
étaient chargés de gérer ce que nous pourrions
appeler le Bureau de Bienfaisance appelé autrefois Carita ou
charité.
- Un capitaine des Dizaines
dont l’appellation remonte aux temps troublés des
XVe et XVIe siècles et où les habitants
devaient s’armer et se grouper par dizaines pour mettre le pays
en état de défense contre les brigands et plus tard
contre les Huguenots. Le capitaine des dizaines fut par la suite
appelé CAPITAINE DES BRAVADES et aussi capitaine de la jeunesse
lorsqu’il fut chargé d’organiser et de diriger les
réjouissances publiques.
- Un instituteur nommé RÉGENT
DE LA JEUNESSE ou INSTRUCTEUR DE LA JEUNESSE devait, aux frais de la
commune, donner l’instruction aux enfants.
- Un secrétaire
(généralement un notaire) tenait les écritures de
la communauté.
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Il y avait encore les BASSINIERS DE
SAINTE ANNE dont nous ne connaissons pas bien le rôle
précis, mais qui paraît être la répartition
et l’emploi des offrandes faites à la confrérie du
même nom.
Ensuite les BASSINIERS DE NOTRE DAME ET DES ÂMES DU PURGATOIRE aux fonctions sans doute semblables.
Nous voyons encore un «
porquier » ou porcher qui chaque jour réunissait et
conduisait paître tous les porcs des habitants.
Un « campanier » assurait
la sonnerie des cloches (campanes) ; il remplissait en outre le
rôle de fossoyeur (moyennant rétribution
supplémentaire à chaque obsèque).
Un « Gouverneur de
l’Horloge» devait entretenir, huiler et remonter en temps
voulu l’horloge de l’église.
Enfin, au moment des récoltes,
le baïlle s’adjoignait un garde supplémentaire. Nous
assistons même (au cours des XVIIe et
XVIIIe siècles) à la nomination de deux gardes des
vignes, ce qui nous indique que la culture de la vigne était
déjà importante dans notre terroir.
Tout n’est pas dit sur les
élections consulaires qui s’accompagnaient chaque
année de réjouissances publiques et c’était
au son des fifres et des tambourins qu’avait lieu la proclamation
des nouveaux consuls
.
Un banquet populaire, dont les adjudicataires des
fermes de la communauté payaient une partie des frais
réunissait tous les habitants (chefs de maison).
En 1610 « les adjudicataires de
l’Auberge du Grand Logis et du four à pain étaient
tenus de fournir l’un deux barraux de vin (cent litres environ)
et l’autre, le pain provenant de quatre émines de
blé (90 kg environ) pour le banquet que font les habitants le
jour de la création des consuls ».
Cette coutume s’est perpétuée
pendant de longs siècles et ne paraît avoir
été interrompue que lors d’événements
graves (guerres ou pestes).
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